Les biais cognitifs dans l’Éducation Positive

L’éducation positive est inspirée par des penseurs comme Isabelle Filliozat et Maria Montessori. Elle se base sur les neurosciences pour favoriser un apprentissage empathique et bienveillant. Cette approche valorise la parentalité bienveillante, où les parents bienveillants utilisent une pédagogie positive pour encourager leurs enfants. Le dialogue bienveillant et le coaching parental sont des outils essentiels dans cet accompagnement parental. Les parents utilisent des méthodes comme le coaching parental pour offrir un soutien et des encouragements adaptés. Ce qui favorise ainsi le bonheur d’apprendre chez l’enfant. Les biais cognitifs quant à eux peuvent influencer négativement la motivation et l’apprentissage. En créant des perceptions erronées de ses propres capacités ou des situations éducatives. Par conséquent, quelle place les biais cognitifs peuvent-ils tenir dans l’Éducation Positive?

Accueillir les biais cognitifs de votre enfant comme des forces, un atout dans l’éducation positive

Les parents et les enseignants peuvent créer un environnement d’apprentissage positif et bienveillant. En intégrant les principes de la gestion mentale. Ainsi, le dialogue pédagogique, l’introspection et la différenciation pédagogique sont des outils éprouvés pour accompagner les enfants dans leur processus d’apprentissage. En utilisant les évocations et les gestes mentaux, les parents et les enseignants peuvent aider les enfants à développer des habitudes mentales efficaces et à améliorer leurs apprentissages. Cette démarche, soutenue par les neurosciences et les images mentales, permet de favoriser un apprentissage heureux et épanouissant.

Avec la gestion mentale, identifiez les biais cognitifs de votre enfant dans l’éducation positive

La gestion mentale, développée par Antoine de la Garanderie, joue un rôle de premier plan. Elle propose en effet des pratiques pédagogiques centrées sur le dialogue pédagogique et l’introspection pour améliorer les apprentissages. En se concentrant sur les « évocations » (images mentales, visuelles ou auditives) et les gestes mentaux, cette méthode permet de mieux comprendre le fonctionnement mental des élèves et de différencier les pratiques enseignantes en fonction des styles d’apprentissage. Elles facilitent l’accompagnement des enfants dans leur processus d’apprentissage cognitif. Cet article vous donne un exemple de comment vous pouvez accompagner votre enfant à découvrir ses habitudes cognitives. Elles jouent parfois le rôle de biais cognitifs, mais se révèlent surtout de puissants moteurs de motivation et de réussite dans leurs apprentissages.

Les évocations, matériau de la pensée

Les évocations en gestion mentale sont des doubles mentaux que nous construisons à partir de nos perceptions. En d’autres termes, ce sont les images mentales visuelles, auditives, verbales, tactiles ou kinesthésiques que nous formons dans notre esprit pour représenter ce que nous avons vu, entendu, touché ou ressenti. Par exemple, quand vous pensez à une pomme, vous pouvez en voir une image dans votre esprit, entendre le bruit de quelqu’un qui croque dedans, ou même ressentir sa texture.

Ces évocations sont essentielles car elles permettent de rendre présent en nous ce que nous avons perçu, de sorte que nous puissions travailler avec ces informations mentalement. Elles jouent un rôle majeur dans les gestes mentaux de l’attention, de la mémorisation, de la compréhension, de la réflexion et de l’imagination créatrice . En somme, les évocations constitue le matériau qui nous aide à manipuler et à utiliser les informations perçues pour accomplir des tâches intellectuelles.

Les projets de sens qui nous font vibrer de joie intérieure quand ils partent à la rencontre du sens du monde et de nous-mêmes

Une source de motivation intrinsèque …

Les projets de sens en gestion mentale sont des motivations profondes qui orientent et dynamisent notre pensée. Ils représentent ce qui mobilise une personne dans son apprentissage, en fonction de ce qu’elle trouve vrai, bien ou beau.

Les projets de sens, en fonction de leur dominance chez une personne, influencent ses gestes mentaux comme l’attention, la mémorisation, la réflexion, l’imagination et la compréhension. Par exemple, une personne avec un projet de sens dominant « expliquant » sera plus encline à chercher à comprendre en profondeur les raisons et les mécanismes derrière les faits.

Il est important de noter que tous les individus possèdent ces différents projets de sens en eux, mais certains seront plus centraux (dominants) et d’autres plus périphériques. La reconnaissance de ces projets aide à développer une flexibilité mentale, permettant à une personne de naviguer entre différentes approches selon le contexte et d’enrichir ainsi son profil cognitif.

Ces projets de sens peuvent être vus comme des biais cognitifs. Mais ce sont des biais cognitifs qui jouent un rôle moteur dans l’Éducation Positive. La motivation intrinsèque des élèves est renforcée par l’utilisation de stratégies cognitives adaptées à leurs besoins individuels. En comprenant les représentations cognitives des élèves, les enseignants peuvent mieux adapter leurs pratiques pédagogiques. Et favoriser une différenciation pédagogique efficace.

… jouant parfois le rôle de biais cognitifs

La gestion mentale permet également d’identifier et de comprendre les biais cognitifs qui peuvent influencer négativement les apprentissages.

Un projet de sens peut perturber le bon déroulement d’un geste mental lorsque les motivations profondes d’une personne ne sont pas en adéquation avec la tâche à accomplir. Prenons l’exemple d’un élève dont le projet de sens dominant est « Compétiteur », c’est-à-dire qu’il est fortement motivé par la compétition.

Supposons que cet élève doive accomplir un geste mental de réflexion en mathématiques. Ce geste nécessite une attention particulière aux détails, une réflexion profonde et une analyse minutieuse des concepts mathématiques. Si son projet de sens « Compétiteur » prend le dessus, il pourrait être plus préoccupé par l’idée de terminer l’exercice plus rapidement que ses camarades ou d’obtenir la meilleure note, plutôt que de réellement comprendre le sujet. Cette préoccupation pourrait le pousser à sauter des étapes importantes de la réflexion, à négliger les détails importants, ce qui nuirait à la bonne exécution de l’exercice.

En utilisant les neurosciences et la gestion mentale, les enseignants peuvent explorer les processus cognitifs des élèves pour améliorer leur développement cognitif. Les structures cognitives et les processus mentaux des élèves deviennent ainsi plus clairs.

Le dialogue pédagogique, un outil précieux pour identifier les biais cognitifs dans l’éducation positive

Le dialogue pédagogique est un élément central de la gestion mentale. Car il permet de rendre consciente la réalité mentale, tant pour l’élève que pour l’enseignant. Ce dialogue introspectif et méthodique explore les images mentales visuelles et auditives utilisées par l’élève pour apprendre. En posant des questions simples, comme « Quand vous apprenez une leçon, photographiez-vous ce que vous lisez pour le retenir ou enregistrez-vous le texte en le répétant ? », les praticiens aident ainsi les élèves à identifier leurs habitudes évocatives.

Différenciation pédagogique et styles d’apprentissage

La gestion mentale permet également de différencier les pratiques pédagogiques en fonction des styles d’apprentissage des élèves. En comprenant comment chaque élève utilise ses évocations et ses gestes mentaux, les enseignants peuvent adapter leurs méthodes pour mieux répondre aux besoins individuels. Cette approche favorise la différenciation pédagogique, essentielle pour améliorer les apprentissages et soutenir le développement cognitif des élèves.

A vos manettes pour identifier les biais cognitifs de votre enfant

Comment identifier les évocations préférentielles de votre enfant?

Exemple de dialogue pédagogique

Coach en gestion mentale : Lucas, je vais te montrer une phrase. Je te demande de la lire dans le but de la garder le plus fidèlement possible dans ta tête. Quand tu auras terminé, tu me le diras, et on échangera sur ce qu’il s’est passé dans ta tête. Sais-tu ce que tu dois faire et comment le faire?

Lucas : Oui

Coach en gestion mentale : Alors voici la phrase: « Le chat noir saute sur le toit. »

Après quelques minutes.

Coach en gestion mentale : Maintenant, peux-tu me dire ce qu’il s’est passé dans ta tête quand tu as découvert la phrase ?

Lucas : J’ai vu dans ma tête un chat noir qui court et qui saute sur un toit gris. Les tuiles du toit sont rouges et un peu abîmées, certaines sont cassées.

Coach en gestion mentale : Ce chat, est-ce dans ta tête un dessin de chat, l’image d’un chat que tu as déjà vu dans ta vie?

Lucas : C’est un chat que j’ai déjà vu dans ma vie.

Coach en gestion mentale : Tu entends quelque chose dans cette scène ? Peut-être le bruit des pattes du chat sur les tuiles ?

Lucas : Non, je n’entends rien, juste les images.

Coach en gestion mentale : Tu ressens quelque chose, comme la texture des tuiles sous les pattes du chat ou la température de l’air ?

Lucas : Non, je ne ressens rien de particulier. Je vois seulement le chat et le toit.

Coach en gestion mentale : Peux-tu imaginer ce que le chat pourrait sentir ou goûter dans cette scène ? Peut-être l’odeur des tuiles ou le goût de quelque chose ?

Lucas : Non, je n’imagine rien de tout ça. Je vois juste les images dans ma tête.

Coach en gestion mentale : Est-ce que c’est facile pour toi de mettre dans ta tête ces choses de cette manière ?

Lucas : Oui, c’est très facile pour moi.

 

Analyse du dialogue: des évocations visuelles en paramètre 1

Dans ce dialogue, les questions sont orientées vers d’autres modalités sensorielles (auditive, tactile, olfactive, gustative). Mais Lucas répond négativement, renforçant ainsi l’hypothèse que sa préférence se porte sur des évocations visuelles en paramètre 1.

Une évocation visuelle en paramètre 1, ou P1, consiste à reproduire visuellement dans sa tête la réalité non langagière. Telle qu’elle a été perçue par le sujet. Il s’agit d’une image mentale détaillée et concrète. Des objets, êtres, scènes, événements ou phénomènes qu’il a rencontrés et observés directement. Cette évocation vise à imiter exactement et intégralement le vécu. En se concentrant sur les aspects sensibles et les circonstances spécifiques de la rencontre.

Par exemple, imaginons que Lucas se rappelle d’une scène où il a vu un chat noir sautant sur un toit rouge. Il la recréera mentalement avec tous les détails visuels qu’il a perçus. La couleur des tuiles, la forme et l’état du toit, l’apparence du chat, etc. L’évocation en paramètre 1 se distingue par son caractère concret et sensoriel. Sans faire appel aux abstractions ou aux symboles.

Ainsi, l’évocation visuelle en P1 est une reconstruction mentale de la réalité perçue. Elle permet de revivre mentalement une scène avec une grande fidélité aux détails visuels originaux.

Biais cognitifs education positive-evocation visuelle

 

Comment identifier le cadre des évocations de votre enfant: spatial ou temporel?

Exemple de dialogue pédagogique

Coach en gestion mentale : tu m’as dit tout à l’heure: « J’ai vu dans ma tête un chat noir qui court et qui saute sur un toit gris. » Peux-tu me décrire précisément comment tu l’as vu?

Lucas : J’ai vu le chat en mouvement.

Coach en gestion mentale : C’est un film, ou une image fixe, ou plusieurs images fixes qui se succèdent, ou autre chose encore?

Lucas : C’est comme dans un film.

 

Analyse du dialogue: un cadre évocatif temporel

Dans ce dialogue, Lucas montre clairement qu’il évoque la scène du chat noir courant et sautant sur un toit gris dans un cadre temporel, avec une progression des actions. Cela met en évidence sa capacité à se souvenir des événements de manière séquentielle et dynamique, en les visualisant comme dans un film.

Comment identifier les projets de sens de votre enfant?

Exemple de dialogue pédagogique

Coach en gestion mentale :

« Bonjour Lucas, aujourd’hui j’aimerais te montrer quelque chose d’intéressant avec une bougie et un verre. Regarde bien, je vais allumer cette bougie, puis la couvrir avec le verre. Regarde ce qui se passe à la flamme. »

Lucas :

« La flamme devient plus petite et finit par s’éteindre. »

Coach en gestion mentale :

« Exactement. Qu’est-ce que tu trouves le plus intéressant dans cette expérience ? »

Lucas :

« Hmm, je me demande si ce principe pourrait être utilisé pour éteindre des feux dans certaines situations, comme un système de sécurité. »

Coach en gestion mentale :

« Comment te représentes-tu mentalement le fonctionnement de ce système de sécurité?  »

Lucas :

« Je me vois en train de concevoir un dispositif où, dès qu’un feu se déclare, un capteur détecte la fumée et déclenche automatiquement un couvercle qui emprisonne le feu, un peu comme le verre sur la bougie. »

 

Analyse du dialogue: un projet de sens « inventeur » et « 1ère personne »

Lucas a spontanément proposé une utilisation pratique de cette observation, ce qui peut indiquer un projet de sens inventeur.

Un projet de sens inventeur est centré sur l’innovation et la création de nouvelles idées ou solutions. Selon la pédagogie de la gestion mentale d’Antoine de la Garanderie. Les individus ayant ce projet de sens sont motivés par l’identification de besoins ou de lacunes. Dans les connaissances ou les méthodes existantes. Et par la conception de nouvelles solutions pour y répondre.

Lors de cette expérience, Lucas a observé que la flamme s’éteint. Il n’a pas cherché à comprendre ce phénomène. Il a spontanément envisagé d’utiliser ce principe pour concevoir un système de sécurité pour éteindre des feux. Cette démarche de Lucas montre son inclination à repérer un besoin, la sécurité incendie. Et à imaginer une solution innovante.

Par ailleurs, Lucas a montré qu’il nourrissait un projet de sens première personne. Lucas se projette mentalement en train de concevoir et d’utiliser le système de sécurité. Il visualise non seulement le dispositif, mais aussi lui-même en train de l’installer et de le tester. Cette capacité à se voir en train de réaliser les actions montre une forte orientation vers le projet de sens en première personne, où l’individu se voit comme un participant actif.

On le voit, les biais cognitifs ont toute leur place dans l’Éducation Positive: s’y intéresser, en accueillant notamment les habitudes cognitives de votre enfant, c’est oeuvrer pour son éducation positive!

 

Avez-vous aimé cet article? Que pensez-vous des habitudes cognitives présentées dans l’article? Et de la façon de les identifier? Vous avez la parole, n’hésitez pas à la prendre en laissant un commentaire en bas 😉

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Marion A.
Marion A.

Merci pour cet article ! Sujet assez complexe mais intéressant de voir comment décrypter les biais cognitifs pour accompagner l’éducation.
Petit avis personnel: j’ai trouvé la lecture un peu compliquée, peut-être que rajouter des mots en gras, alléger les phrases ou vulgariser certains concepts pourrait aider 🙂

Jackie

Tu mets en lumière de manière très claire l’impact des biais cognitifs sur l’éducation positive. Tu offres aussi des perspectives intéressantes pour mieux les comprendre et les gérer. Je pense que ton analyse et tes exemples concrets sont très utiles pour les parents et les éducateurs. Merci pour ton article riche et bien documenté !

Anonyme
Anonyme

Merci beaucoup pour cet article très intéressant ! Les exemples sont vraiment parlants !

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