Cet article vous donne quelques pistes pour améliorer sa concentration par les évocations en gestion mentale.
Pourquoi les évocations peuvent améliorer sa concentration
Comprendre les frustrations cognitives
Dans notre quotidien, nous sommes souvent confrontés à des difficultés de concentration, de mémorisation ou de compréhension. Ces frustrations peuvent provenir d’une utilisation inefficace de nos capacités mentales. Prenons l’exemple de la préparation d’un gâteau au chocolat, un processus qui nécessite plusieurs ingrédients et étapes spécifiques. Si vous n’êtes pas pleinement attentif pendant la préparation, vous pourriez facilement oublier un ingrédient crucial, la levure par exemple, ce qui affecterait le résultat final. Au lieu d’être léger et moelleux, votre gâteau sera dense et plat, donc moins savoureux qu’avec de la levure. Cela illustre la façon superficielle dont nous traitons les informations, sans une attention profonde.
Bénéfices des évocations à court, moyen et long terme
Améliorer sa concentration par les évocations permet aussi d’améliorer sa mémorisation à court terme. À moyen terme, l’utilisation des évocations facilite la compréhension et la résolution de problèmes complexes. À long terme, elle contribue au développement d’une pensée plus créative et flexible, transformant notre manière d’aborder les problèmes et les situations nouvelles.
Erreurs communes qui diminuent notre concentration et appauvrissent notre pensée
Une erreur fréquente est de penser que notre pensée est alimentée uniquement par ce que nous voyons et ce que nous entendons immédiatement. Par exemple, après avoir observé une cafetière, nous pourrions croire que notre pensée concernant cette cafetière s’arrête là, ce qui ne jouerait pas en faveur de notre concentration. Cependant, notre esprit est capable de créer des pensées bien plus riches – visuelles, auditives, verbales – qui dépassent la simple perception. Si par exemple on n’a pas développé son pouvoir de penser au fonctionnement de la cafetière, c’est-à-dire son pouvoir d’intégrer cette cafetière dans son esprit avec les composants majeurs de la cafetière, on peut ne pas avoir conscience qu’une accumulation de calcaire peut affecter le goût du café et le fonctionnement de la machine. Les évocations permettent de développer ce pouvoir en améliorant sa concentration.
La théorie des évocations en gestion mentale
Définition des évocations
Les évocations sont un des piliers de la gestion mentale, approche cognitive fondée dans les années 50 par le philosophe et pédagogue Antoine de la Garanderie. Ce sont des représentations mentales que nous créons à partir de nos expériences sensorielles. Elles peuvent être visuelles, comme une image mentale que l’on forme dans son esprit après avoir vu une cafetière dans un café, auditives, comme le bruit de la machine à café que l’on entend dans sa tête, ou verbales, comme une description mentale de l’objet que l’on se parle intérieurement.
Les évocations renforcent notre concentration
Il est important de comprendre que les évocations ne sont pas de simples répliques de la réalité. Elles sont des reconstructions actives et créatives, permettant une compréhension plus profonde et plus nuancée. Par exemple, la manière dont nous pouvons imaginer le son de la cafetière ou décrire ses caractéristiques dépasse la simple écoute ou observation. Les effets de ces reconstructions cognitives expliquent pourquoi l’on peut améliorer sa concentration par les évocations.
La notion de paramètre en gestion mentale, composant des évocations
Dans la théorie de la gestion mentale d’Antoine de la Garanderie, les évocations sont classées en quatre paramètres. Le premier paramètre, P1, consiste à évoquer fidèlement la réalité perçue, formant la base du savoir concret. En P2, l’accent est mis sur l’évocation de la réalité langagière, comme les chiffres ou les mots. P3 s’écarte des détails concrets et se concentre sur le calcul, le raisonnement, et l’abstraction. P4, quant à lui, favorise l’émergence de l’inconnu, du nouveau, et du fictif, stimulant la créativité et l’invention.
Comment utiliser les évocations pour améliorer sa concentration ?
Prenons un exemple : comment améliorer sa concentration par les évocations d’une cafetière? Il s’agit de voir comment se concentrer sur cette cafetière. Tout simplement, en s’entraînant à produire des évocations visuelles et auditives, selon les quatre paramètres décrits par la gestion mentale.
Évocations Visuelles :
- En paramètre 1 (Concret) : « Je visualise ma cafetière électrique sur le comptoir de ma cuisine. »
- En paramètre 2 (Codes) : « Je vois le mot ‘CAFETIÈRE’ écrit en lettres rouges. »
- En paramètre 3 (Liens Logiques) : « Je visualise un schema montrant comment fonctionne une cafetière. »
- En paramètre 4 (Liens Originaux) : « Je vois une cafetière transformée en lampe design pour un intérieur moderne. »
Évocations Auditives :
- En paramètre 1 (Concret) : « J’entends le bruit de l’eau qui bout à l’intérieur de la cafetière. »
- En paramètre 2 (Codes) : « J’entends le mot ‘cafetière’ prononcé avec un accent du sud de la France. »
- En paramètre 3 (Liens Logiques) : « J’entends une chanson douce qui parle de moments partagés autour d’une cafetière. »
- En paramètre 4 (Liens Originaux) : « J’entends le son d’une cafetière qui se transforme en rythme musical pour une chanson. »
Les évocations au service de la concentration, pour une meilleure compréhension
Considérons la phrase suivante : « Chloé a entendu un bruit étrange dans la cuisine. Elle a immédiatement quitté la maison. ». Pourquoi Chloé quitte-t-elle si brusquement la maison ?
Dans cet exemple, deux réponses sont envisageables, entre autres, conduisant à une compréhension différente de la situation. Elles sont données par des évocations en paramètre 3, appuyées par des évocations en paramètre 1.
Essayer d’évoquer (de « mettre » dans votre esprit) le visage de Chloé. Qu’exprime-t-il ?
Selon la première réponse, vous pouvez par exemple voir Chloé dans votre tête avec un air apeuré (évocation visuelle), et vous dire dans votre tête (évocation verbale) : « Peut-être qu’elle a pensé qu’il y avait un intrus, ce qui expliquerait sa réaction rapide ». Selon cette hypothèse, Chloé aurait interprété le bruit étrange dans la cuisine comme un signe de danger.
Une autre évocation en P3 est possible. Vous pouvez par exemple évoquer visuellement Chloé dans la cuisine. Vous visualisez la scène avec des détails précis. Chloé regardant autour d’elle, semblant guetter quelque chose, peut-être un sourire discret aux lèvres. Alors vous vient peut-être l’évocation d’un garçon, faisant tomber intentionnellement un objet. Cette image mentale, en paramètre 1 (concret), est vivante et claire. Elle illustre non seulement les actions mais aussi les émotions sous-jacentes de complicité et d’excitation.
Elle fait naître un lien logique (paramètre 3) entre le bruit et le départ de Chloé. Cette dernière attendait un signal de son ami, qui devait faire du bruit dans la cuisine pour lui indiquer qu’il était temps de partir discrètement (peut-être pour une surprise ou un événement secret). Dans ce cas, le bruit est un signal convenu, et la réaction de Chloé de quitter la maison est prévue et non motivée par la peur.
Oui, mais …
Notre façon d’évoquer n’utilise pas forcément toute la palette des possibilités.
Certaines personnes peuvent avoir des difficultés avec certains types d’évocations. Chacun présente des habitudes cognitives. Certains préfèreront évoquer visuellement, d’autres auditivement, certains préfèreront évoquer dans le domaine du concret (paramètre 1), d’autres en trouvant quelque chose d’inédit (paramètre 4). On pourrait croire en effet que ces habitudes cognitives nous limitent.
La bonne nouvelle, c’est que chaque habitude cognitive est performante dans certaines situations, dans certaines tâches. Donc pas de problème, si on ne réussit que dans certains domaines, sachons les identifier, et donnons-nous y à fond, pour notre plus grand plaisir d’agir et de réussir dans notre action!
Et si on veut élargir notre propre champ des possibles, l’autre bonne nouvelle, c’est qu’en étant bien guidé par un praticien en gestion mentale, on peut y arriver. C’est la promesse faite par le fondateur de la pédagogie des gestes mentaux, qui a développé une expérience pratique de plusieurs décennies en accompagnant plusieurs centaines d’apprenants. Il s’est appuyé sur cette expérience pour développer son approche cognitive.
Nous verrons dans d’autres posts comment la production de ces évocations est influencée par la mise en projet cognitive, une autre notion de gestion mentale, et comment l’on peut optimiser nos évocations.
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